Le passage du Tour de France sur le Mont Ventoux le 7 juillet dernier était l’événement à ne pas manquer en Provence cet été. J’avais coché cette date sur mon agenda depuis l’annonce du parcours du Tour. Une double ascension du Géant de Provence par Sault puis Bédoin était au programme, un parcours inédit 100 % vauclusien au départ de Sorgues, que je ne pouvais pas rater !

Remontant à 2016, le dernier passage du Tour de France au Mont Ventoux est encore dans toutes les mémoires. Christopher Froome, victime d’un problème mécanique, courait dans les pentes raides du Géant de Provence en attendant un nouveau vélo. Le maillot jaune, en transperçant la foule à pied, écrivait alors un peu plus la légende du Mont Ventoux, du Tour et plus largement du vélo.

C’est avec ces images en tête que j’avais décidé d’assister au passage des coureurs sur cette montagne mythique qui me fascine et qui a fait naitre ma marque Avintur. J’étais convaincu qu’il allait se passer quelque chose d’exceptionnel, que j’allais être un témoin d’une page de l’histoire de la Grande Boucle.

COVID 19 oblige, les autorités avaient décidé de couper les routes depuis Bédoin (à partir du Chalet Reynard) et Malaucène (à partir du Mont Serein) aux voitures dès la veille, mardi 6 juillet, à midi. Je n’étais pas concerné par cette contrainte de circulation puisque j’avais prévu de me rendre au sommet à pied, en randonnant. Cela faisait longtemps que je souhaitais découvrir le sentier de Grande Randonnée parcourant le versant nord du Ventoux.

Ascension du Ventoux en mode rando depuis Saint-Léger-du-Ventoux

Carte IGN sous les yeux, je prévoyais de partir du village de Saint-Léger-du-Ventoux, aux abords des gorges du Toulourenc, pour réaliser une ascension de 12 km et 1565 m de dénivelé positif. Pique-nique prêt, réserve d’eau prête, vêtements secs prêts, je débutais la montée à 9h45 !

J’avais prévu un sac à dos bien rempli pour pallier à un éventuel changement de météo durant la journée. Je connais bien le Ventoux et je sais que le temps peut très vite changer là-haut. La météo étant bien incertaine, avec des risques d’averses et une relative fraîcheur, j’avais tout prévu pour me changer en arrivant au sommet et ainsi pouvoir passer une bonne journée sur ses pentes.

Au départ de mon itinéraire, j’ai fait la connaissance d’un père et de son fils ayant les mêmes motivations que moi. Nous avons donc fait « sentiers communs » et nous ne nous sommes finalement pas quittés de la journée. Une belle rencontre avec des échanges riches qui à elle seule a rendu ma journée magnifique !

Départ depuis le Moulin Monin, entre Saint-Léger-du-Ventoux et Brantes

L’ascension du Ventoux démarre fort dans une piste forestière large. Nous faisons très vite connaissance avec un groupe d’allemands qui souhaitent réaliser la même randonnée que nous pour assister au passage des coureurs. Ils nous suivront tout le long pour ne pas perdre la trace de l’itinéraire

Après plusieurs kilomètres dans cette piste forestière ouverte sur le nord et les reliefs des baronnies provençales, nous parcourons maintenant un petit single en sous-bois disposant d’un faible pourcentage de pente. Il serpente bien et est très agréable. Ni trop technique, ni trop pentu, l’effort est modéré et nous permet de parler tout le long.

Passage par le Mont Serein

Après un peu plus de 2h d’effort, nous arrivons au niveau du Mont Serein. Cela me rappelle beaucoup de souvenirs puisque nous y sommes passés lors du Ventoux Man 2020. Nous avions couru sous la pluie ce jour là. J’avais été marqué par cet half ironman qui était mon premier (et seul pour l’instant) triathlon ! Il présentait un parcours de course à pied typé « trail » autour de la station du Mont Serein. J’avais eu d’excellentes sensations et avais doublé bon nombre de participants en courant ! [le récit de mon Ventoux Man 2020]

Le passage au niveau du Mont Serein est aussi la fin de la tranquilité sur les sentiers. En effet, de très nombreuses personnes ont passé la nuit à cet endroit qui dispose d’une grande quantité de places de stationnement. Ils empruntent désormais le même itinéraire que nous pour rallier le sommet.

La pochette imperméable pour smartphone qu’il te faut (made in france) !

Après quelques lacets en sous-bois où il est souvent possible d’observer des chamois, nous parcourons maintenant les pierriers caractéristiques du Mont Ventoux. La vue sublime ne tarde pas à se couvrir. Pourvu qu’il ne pleuve pas !

Nous arrivons au sommet après un peu plus de 3h d’effort. Une randonnée sans difficulté technique à proprement dite mais réservée aux personnes très sportives (quasiment 1600 m de dénivelé positif tout de même!). Pour ma part, en plus de découvrir des sentiers que je ne connaissais pas encore, cet effort est un excellent entraînement pour ma participation à l’Echappée Belle, un trail de 67 km et 4500 d+ auquel je participerai fin août.

Direction le col des Tempêtes

Il est 13h, la foule est déjà bien présente sur les pentes du Géant de Provence mais ce n’est pas la cohue. Tout le monde est calme et patiente en attendant l’arrivée de la caravane. Honnêtement, je m’attendais à beaucoup plus de monde. Je me souviens des précédents passages du Tour où les coureurs n’avaient aucune visibilité à 100 m à cause de la foule amassée et compacte. Les restrictions d’accès ont fonctionné et ont dissuadé de nombreuses personnes à venir assister aux passages des coureurs. Seules les personnes installées depuis la veille midi ou venues le jour même en randonnant ou à vélo auront la chance d’être témoin de l’événement !

Nous marchons un petit kilomètre pour atteindre le col des Tempêtes, là où la pente est la plus exigeante sur cette fin d’ascension côté sud (Bédoin et Sault). Cet endroit sera notre QG pour l’après-midi !

Passage de la caravane du Tour

A peine le temps de savourer mon sandwich, la caravane arrive. De nombreux chars surchauffe en grimpant la route du Ventoux ! La magie opère lors de son passage. Petits et grands tendent les mains pour obtenir des goodies. Les chars sont vraiment très bien décorés et personnalisés ! Certains balancent des cadeaux avec parcimonies, uniquement vers ceux qui lèvent les bras pour en demander, d’autres jettent les cadeaux par poignées sur la route… Je récupère le mythique bob Cochonou ainsi qu’une casquette à pois ! Le graal de tout spectateur sur le bord de route !

Passage des coureurs arrivant depuis Sault

Le passage de la caravane maintenant terminé, nous attendons avec impatience, les yeux rivés sur le téléphone pour suivre le direct de l’étape, l’arrivée des premiers coureurs. Alaphilippe est dans le groupe de tête ! L’excitation est à son comble lorsque les coureurs ne sont plus qu’à quelques kilomètres de nous.

Le bruit de l’hélico volant à basse altitude se fait omniprésent, les gens se lèvent et s’agitent, l’engouement monte et la ferveur est à son comble ! Lors de son passage, Julian Alaphilippe, en véritable chouchou des français, reçoit un encouragement exceptionnel qui m’a donnée des frissons. Sur les pentes de cette montagne mythique, ressentir cette ferveur populaire autour d’un seul coureur était incroyable ! Que ce sport est beau !

Montée depuis Bédoin : second passage des coureurs

Après une première montée depuis Sault, ascension la plus facile du Ventoux, les coureurs redescendent par Malaucène avant de remonter par Bédoin pour un final d’étape en guise d’apothéose où tous les coureurs éclateront en vol. Je n’ai pas vu un seul coureur ne pas souffrir, le visage marqué par la difficulté mêlée à des conditions climatiques relativement fraîches pour la saison.

C’est finalement le belge Woud Van Aert qui tirera son épingle du jeu et gagnera cette étape du tour en solitaire en s’extirpant du groupe de tête lors de la seconde ascension.

Nous attendons le passage des derniers coureurs puis redescendons par le même sentier que nous avons emprunté pour monter. C’était une belle journée ! Le passage du Tour de France reste un événement à ne pas manquer. Le Tour est inégalable en terme de popularité et reste le dernier événement sportif mondial auquel on peut assister gratuitement au bord de la route. C’est une belle fête pour tous les amoureux du vélo et plus largement du sport et je suis heureux d’y avoir participé cette année !

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